Qu’est-ce que les infections froides, auxquelles je faisais brièvement allusion la semaine dernière. C’est l’hypothèse que certaines maladies chroniques auraient une cause infectieuse méconnue, passant inaperçue parce que sans fièvre élevée ni manifestations inflammatoires. Cette persistance microbienne « à bas bruit » est déjà bien connue dans certains cas (maladie de Lyme, fièvre Q, infections génitales…) mais serait beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense. De nature bactérienne, mycosique, virale ou parasitaire, ces infections dormantes auraient pour foyers principaux la cavité buccale, les sinus, le tube digestif, l’appareil rénal ou encore la prostate. Et elles pourraient expliquer toute une série de plaintes et de symptômes tels que troubles visuels, douleurs articulaires ou musculaires, éruptions cutanées, mais aussi fatigue chronique, dépression, autisme… Aux Etats-Unis, la réalité de ces infections froides fait l’objet d’une vive polémique scientifique. Sur le vieux continent, ce sont principalement le Dr Philippe Bottero et le Dr Philipe Raymond qui « militent » en faveur de leur existence, et ce sont le Pr Luc Montagnier et le Dr Dominique Rueff qui ont amené le débat sur la place publique. Ce dernier a d’ailleurs publié un livre en 2012 (1), préfacé par le premier, dont un chapitre entier est consacré à « ces infections cachées que nous devons traquer » .
Un devoir, vraiment ? Permettez-moi d’en douter. D’abord, parce que cette traque nous éloignerait d’une vraie médecine holistique considérant l’être humain dans sa globalité corps-esprit. Il s’agit encore et toujours de « chercher la petite bête » (c’est le cas de le dire) et de se focaliser sur une causalité matérielle excluant la dimension psycho-émotionnelle des maladies. Ensuite, parce que cette chasse aux microbes nous écarte de la notion de terrain. Certes, les « promoteurs » des infections froides soulignent que leur évolution pathologique est indissociable d’un affaiblissement immunitaire, et que celui-ci peut-être provoqué, notamment, par une mauvaise alimentation ou par diverses agressions toxiques, comme la pollution au mercure. Mais contrairement, par exemple, à une Natasha Campbell (2), nos traqueurs préconisent clairement d’attaquer l’ennemi microscopique à grand renforts d’antibiotiques chimiques. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire le vibrant hommage que rend le Dr Rueff à cette classe de médicaments, avant de s’en prendre violemment aux « forcenés de la médecine naturelle » qui osent leur trouver des défauts. En Allemagne, où la « pandémie » de Lyme est prise plus au sérieux qu’en France, plus d’un million de personnes ont déjà été traités à grands coups de biocides. Ceux-ci sont le plus souvent inefficaces , la bactérie fait de la résistance en s’enkystant, mais les Français qui s’indignent du « déni des autorités » réclament à grand cris l’accès à ces poisons « antivie ». Claude Bernard, réveille-toi, ils sont devenus fous !
Sous couvert de « médecine intégrative », le tandem Rueff-Montagnier et leurs supporters sont donc occupés à nous revendre cette médecine pasteurienne qui a rompu avec la tradition hippocratique en déclarant la guerre à la nature. Et ce faisant, les deux compères et leurs admirateurs béats manifestent ainsi leur parfaite ignorance des travaux d’Antoine Béchamp et des découvertes de Ryke Geerd Hamer. Car si les infections froides ne sont sans doute pas une fiction, la méprise demeure totale quant au rôle exact des microbes qui ne sont pas générateurs de maladies, mais agissent au contraire sur ordre du cerveau pour favoriser la survie, comme l’a lumineusement montré le médecin allemand dans sa quatrième loi biologique (3). En soi, aucune forme de vie n’est pathogène. Et qu’ils soient « chauds » ou « froids », les pompiers ne sont pas à confondre avec des pyromanes. Dans le paysage médiatique alternatif, il n’y a plus que la revue Néosanté qui tente de faire passer le message et qui essaie de semer un peu de bon sens : la traque aux agents infectieux est un traquenard tendu à notre santé pour la détraquer plus encore, au seul bénéfice de l’industrie pharmaceutique.
Yves Rasir
- « Mieux que guérir », Editions L. Lyon
- « Le syndrome entéropsychologique », Néosanté n° 12
- Voir Néosanté N° 11
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