Stress et diabète

Via un journal médical, j’apprends que la médecine du diabète est en passe de faire un pas de géant et d’accomplir un fantastique progrès : elle vient de mettre au point le pancréas artificiel !  Bon, je précise toute de suite qu’il ne s’agit pas de créer de toutes pièces un organe synthétique qui viendrait remplacer le pancréas naturel. On n’est pas dans le cas de figure de la fameuse prothèse cardiaque, brillante invention française, dont les deux premiers bénéficiaires ont déjà été envoyés ad patres  par les transplanteurs fous qui leur ont fait miroiter des chances de survie. Non, ici il s’agit d’une sorte de pompe à insuline améliorée pour les diabétiques de type 1. Dotée d’un capteur de glycémie et d’un logiciel ad hoc, la pompe new look sera à même de calculer et de délivrer en temps en réel la quantité d’insuline nécessaire au patient pour éviter les chutes « hypo » et les crises « hyper ». La glande pancréatique sera toujours là, mais son hormone principale sera entièrement secrétée et régulée par son ersatz artificiel.  Bien qu’il reste encore des détails techniques à régler, les premiers essais sont qualifiés d’ « encourageants ».

En lisant le récit emphatique cette prouesse scientifique saluée comme une avancée majeure, je me suis fait la réflexion que les médias médicaux étaient décidément incorrigibles : il y a quelques mois, ils en ont fait beaucoup moins pour la sortie d’un étude suédoise pourtant parue dans la très sérieuse revue Diabetologia.  Quant à la presse de masse, elle y a consacré –  au mieux –  quelques maigres entrefilets.  Or, c’est un travail de grande importance puisque les chercheurs scandinaves  ont trouvé  un lien certain entre l’apparition du diabète et des traumatismes émotionnels vécus dans l’enfance ! Si vous lisez l’anglais, voici le lien  http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00125-015-3555-2#page-1 pour accéder à cette étude fascinante. Sinon, je me permets de reproduire ci-dessous l’article que je lui ai consacré dans la revue Néosanté de mai dernier. À mon sens, le travail   effectué en Suède est de nature à bouleverser les connaissances et à accélérer l’avènement du nouveau paradigme psychosomatique. En ce temps-là, on ne se fourvoiera plus à fabriquer des pompes perfectionnées : on pourra comprendre, prévenir et guérir le diabète.   Et ce futur, c’est déjà maintenant.

                                          Yves Rasir

PS :  Pour peu que le diabète vous concerne ou qu’un(e) de vos proches en souffre, je vous  renvoie également  à ma newsletter  du 11 mars intitulée « Causes et sens du diabète » . Pour la relire, cliquez ici. http://www.neosante.eu/newsletter/lettre_hebdo/newsLetterHebdo20150311.html

Stress et diabète : l’étude qui peut tout changer

Certes, ce n’est encore qu’une étude  qui doit être vérifiée par d’autres travaux. Et ce n’est qu’une étude prospective qui n’apporte aucun éclairage sur d’éventuels mécanismes physiologiques. Il n’empêche : la recherche (*) qui a été menée en Suède et que vient de publier la revue Diabetologia est de nature à accélérer l’avènement du nouveau paradigme psychosomatique !  À l’Université de Linköping, le Dr Anneli Frostell et ses collègues se sont penchés sur les facteurs psychologiques susceptibles de déclencher un diabète de type 1. Pour cela, ils  ont suivi 10 500 enfants nés en Suède entre 1997 et 1999.  Pendant une quinzaine d’années, leurs parents devaient remplir des questionnaires relatifs aux événements stressants vécus au sein de la famille (décès ou maladie,   accidents,  disputes et conflits, séparation, maltraitance, etc.). En 2012,  58 enfants étaient diagnostiqués diabétiques de type 1.  Les chercheurs ont alors relevé que le risque de déclencher la maladie était 3 fois plus élevé ( !) parmi ceux qui avaient subi un fort stress psychologique au cours de leur enfance.

Cette étude est, à mon sens, triplement remarquable. Primo, parce qu’elle concerne une maladie dont l’étiologie n’est généralement  jamais associée au vécu psycho-émotionnel.  Dans son livre « Tempête sur le diabète », Le Dr Jean-Michel Crabbé (Voir Néosanté n° 43)  tente bien de corriger le tir , mais il est bien isolé au milieu d’une médecine classique focalisée sur différentes causes possibles, (génétiques,  alimentaires, environnementales, ou même infectieuses) à l’exclusion du stress psychologique. Secundo, parce que les chiffres obtenus sont très spectaculaires.  Certes, comme toute étude épidémiologie, celle-ci ne met en évidence que des corrélations, et non une relation causale entre des faits de vie et l’apparition d’une maladie.  Mais avec de tels pourcentages (200% de risque en plus), on est dans le cas de figure où un facteur de risque  prend clairement l’allure de facteur causal. D’autant que les auteurs de la recherche ont bien pris soin d’évacuer les facteurs confondants (âge, poids, milieu social.. ) et d’éliminer l’influence héréditaire : les ados suédois stressés dans l’enfance sont beaucoup plus nombreux que les autres à déclarer un diabète, et ce indépendamment des prédispositions génétiques !

C’est donc bien l’épigénome (l’expression des gènes), et non les gènes eux-mêmes, qui joue un rôle dans l’apparition du diabète de type 1. Et l’étude montre aussi que ce sont bien des chocs émotionnels (« serious life events ») qui font le lit du fléau.  Mais lesquels ? L’incidence de la maladie est 10 à 20 fois plus élevée qu’il y a un siècle, et elle survient de plus en plus tôt. Or qu’est-ce qui a fondamentalement changé durant ce laps de temps , sinon l’explosion des divorces et l’éclatement des familles ?  En toute logique, les recherches ultérieures devraient porter sur ce type de vécu émotionnel, et non sur les autres formes de stress (accidents, maladies, décès..) qui ne peuvent nullement expliquer l’épidémie de dysfonctionnements pancréatiques chez les plus jeunes.  De fil en aiguille, la science finirait (finira ? ) ainsi par découvrir que  le diabète ne se programme pas seulement dans l’enfance, mais qu’il se déclenche aussi à des moments précis, à la faveur d’agressions ou de situations ressenties comme telles.  L’étude suédoise est un premier grand pas dans cette direction.

                                                                                                                      Yves Rasir

(*)  « Experience of a serious life event increases  the risk for childhood type 1 diabetes » , Diabetologia – 9 avril 2015

Partagez Néosanté !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire