Mes estimables et estimés confrères de Santé Nature Innovation viennent de lancer un nouveau journal de santé naturelle entièrement consacré à la médecine traditionnelle chinoise (« Les secrets de la médecine chinoise »). Je leur souhaite bonne chance et bon vent dans cette nouvelle aventure éditoriale. Je suis sûr que l’information sera de qualité et je ne doute pas que cette entreprise de presse va rencontrer le succès qu’elle mérite. Que des milliers de lecteurs occidentaux s’intéressent à la MTC et s’ouvrent à une autre façon de concevoir la maladie et l’art de guérir, voilà qui réjouissant. Il est toujours bon d’élargir ses horizons et d’aller voir comment d’autres cultures envisagent la santé et les manières de la restaurer. Après la médecine chinoise, je suppose que l’omniprésent Jean-Marc Dupuis planche déjà sur un magazine qui traitera d’ayurveda, de chamanisme amazonien ou de médecine traditionnelle tibétaine.
Ce qui me chiffonne un peu, c’est le message implicitement transmis par de telles initiatives : « il faut aller voir ailleurs car la médecine de chez nous n’est pas à la hauteur ». Mais de quelle médecine parle-t-on ? Dans sa forme actuelle, mécaniste et matérialiste, la médecine moderne occidentale n’a guère plus de deux-cents ans. Durant les deux millénaires précédents, l’art de guérir dans nos régions est resté plus ou moins fidèle à ses racines antiques et aux grands principes définis par Hippocrate de Cos : d’abord de ne pas nuire, traiter globalement l’âme et le corps, se fier au pouvoir guérisseur de la nature, faire de son alimentation son premier remède et recourir aux plantes si nécessaire. Au XXe siècle, le réductionnisme pasteurien et les apparentes victoires de la chimie ont eu raison de cette philosophie ancienne, mais celle-ci a survécu en dehors des académies et des universités. Un tantinet à travers la médecine populaire et les « trucs de grand-mères », mais surtout via l’avènement de la naturopathie en Amérique et de l’hygiénisme sur le continent européen. Avec l’ostéopathie et la chiropraxie, l’hygiénisme naturopathique représente incontestablement la vraie médecine occidentale puisque ces trois approches en ont hérité la tradition vitaliste, c’est-à-dire l’idée centrale que les êtres vivants sont animés par une force ou une énergie vitale dont il s’agit, avant tout, d’assurer l’équilibre. Contre Pasteur, des savants comme Antoine Béchamp et Claude Bernard ont également soutenu que la présence de microbes importait bien moins que l’équilibre du terrain. Et un peu avant eux, Samuel Hahnemann avait déjà clairement renoué avec les sages préceptes hippocratiques. Et bien avant l’homéopathie, l’hermétisme et l’alchimie en avaient préfiguré la vision holistique.
Bref, je me désole un peu que des gens d’ici, en quête d’outils de santé, se tournent vers l’Orient et négligent leurs propres richesses culturelles : ce qui nous fascine tellement en Chine fait également partie de notre patrimoine ! Nous avons aussi notre médecine naturelle traditionnelle ! En matière de diététique, il n’est certes inintéressant de connaître ce que la pensée taoïste et la doctrine des éléments préconisent pour manger sainement. Mais n’oublions quand même pas qu’Hippocrate a été un précurseur en prônant de tirer parti des légumes et des fruits. Côté plantes, il n’est pas non plus inutile d’examiner tous les trésors de la pharmacopée chinoise. Mais ne perdons pas de vue que la phytothérapie s’exerce ici aussi depuis des millénaires et que les simples de nos pays n’ont pas grand chose à envier aux végétaux orientaux. Par exemple, la fabuleuse armoise a des variétés européennes dont les vertus ne se limitent pas à enrayer la malaria. Dans nos campagnes, on en connaissait notamment la très grande efficacité abortive et la capacité à expulser les parasites intestinaux. Toute une science oubliée est là, à nos pieds, qui ne demande qu’à se laisser redécouvrir !
Les massages chinois ? Nous en avons aussi de toutes sortes, avec des bénéfices thérapeutiques bien établis. Le qi gong et le taï-chi ? Tout naturopathe qui se respecte enseignera les bienfaits de l’hébertisme ou d’autres types d’exercices en plein air. Sincèrement, je ne vois pas trop ce qui fait défaut sous nos latitudes. Sauf, bien sûr, l’acupuncture. Mais à quoi bon importer une technique exotique qui n’a jamais démontré que son effet antalgique ? Et encore, pour l’avoir moi-même expérimenté lors de ma commotion cérébrale il y a deux ans, je peux vous assurer que ça ne marche pas à tous les coups. Les aiguilles n’ont rien arrangé à mes névralgies faciales et l’acupunctrice y a ajouté une douleur aux oreilles en fixant sur mes lobes des épingles semi-permanentes. Si c’était à refaire, je miserai plus rapidement pour des méthodes éprouvées comme l’hypnose ou le neurofeedback, cette dernière étant la seule à m’avoir sorti de l’enfer. À quoi bon chercher sous les tropiques des solutions thérapeutiques qui sont à portée de main ? Il existe chez nous une pléiade d’approches qui ne demandent qu’à être explorées et que nous mettons régulièrement à l’honneur dans les articles de la revue Néosanté ou à travers ses rubriques Naturo pratique et Bon plan bien-être.
Dans la rubrique Espaces Livres, qui vous présente chaque mois une dizaines d’ouvrages venant de paraître, on vous parle notamment ce mois-ci du dernier bouquin de Daniel Kieffer consacré aux bilans de santé énergétiques, et principalement à la méthode du pouls chinois. C’est clair, c’est complet, et c’est vachement bien illustré. Mais encore une fois, il ne faudrait pas croire que l’herbe est forcément plus verte et plus grasse en Chine : pour évaluer l’état de santé d’un individu et mesurer son énergie vitale, la naturopathie occidentale dispose de tas d’outils très performants , comme les tests morphologiques, les examens iridologiques ou les bilans biologiques de terrain. D’ailleurs, il y a une vingtaine d’années, le même auteur avait sorti un premier livre sur les bilans de santé naturopathiques : je l’ai retrouvé dans ma bibliothèque et j’ai constaté qu’il était deux fois plus épais que celui consacré aux techniques orientales ! Le bonheur, a dit quelqu’un, n’est pas d’avoir ce qu’on désire, mais de désirer ce qu’on a déjà. Avant de choisir « made in China », désirons donc davantage les médecines naturelles nées et pratiquées dans nos contrées !
À ce stade de mon édito hebdomadaire, vous me voyez évidemment venir : je ne peux pas le conclure sans vous parler de la médecine nouvelle du Dr Hamer. Conçue dans les années 80 en Allemagne, elle avait déjà été ébauchée au début du XXe siècle par un autre médecin et psychanalyste allemand, le Dr Georg Groddeck. Mais son principe fondamental – les maladies sont la rançon de l’inhibition de l’action – a été découvert en France par le neurobiologiste Henri Laborit. Ce sont aussi des médecins français, et parmi eux le génial Claude Sabbah, qui ont élargi la médecine hamérienne pour décrypter le sens profond des pathologies et définir leurs invariants psychosomatiques. Aux Etats-Unis, les trouvailles européennes ont été reprises par des praticiens de santé qui les ont rebaptisées « métamédecine ». En Belgique, nous avons le Dr Robert Guinée, dont nous venons d’éditer le magistral ouvrage « Et si les maladies étaient des mémoires de l’évolution ». Bref,voilà une médecinenaturelle, très innovante et 100% occidentale qui vaut la peine d’être mieux connue. Tout autant, et à mon avis beaucoup plus que la médecine traditionnelle chinoise.
À juste titre, les promoteurs de la MTC font miroiter que cette dernière est une médecine globale, qui envisage l’être humain dans ses dimensions à la fois physiques et psychiques, et qui tient compte du facteur stress dans l’apparition des maladies. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres et sur ce point, il n’y a pas photo entre la médecine chinoise et la médecine nouvelle : la deuxième identifie beaucoup plus précisément les ressentis émotionnels à l’origine des maladies et elle décrit beaucoup plus scientifiquement les mécanismes de somatisation selon la zone du cerveau impactée et l’endroit du corps en dysfonctionnement. Seule l’approche du Dr Hamer fournit la lumineuse solution biologique que représente un accident de santé ! Pour le vérifier, j’ai à nouveau feuilleté le best-seller « Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi » du très sinophile Michel Odoul. Pour plusieurs maladies, ce sympathique spécialiste du shiatsu ( que nous avons d’ailleurs déjà interviewé dans Néosanté) propose un éclairage pertinent et qui n’est pas contradictoire avec ce qui se fait en décodage. Mais c’est tellement vague et flou par rapport à la précision de laser de la médecine nouvelle et de la biologie totale ! À l’issue de cette relecture, je suis encore plus convaincu que la médecine chinoise est un art de guérir très mineur en comparaison de ce que nous avons appelé « la nouvelle médecine du sens ». Il ne fait pas un pli que celle-ci révolutionnera le monde, empire du milieu du compris, dès lors que nous ne serons plus le seul journal à avoir pris de conscience de son importance majeure….
Yves Rasir
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