Oui, je sais : depuis deux mois, j’ai déjà pas mal « tartiné » sur la fièvre Ebola. Et je remets encore le couvert cette semaine, parce que je trouve important de tempérer les propos alarmistes, voire catastrophistes, tenus aussi bien par des instances « classiques » que par des promoteurs (bien intentionnés) de la médecine naturelle. Après vous avoir suggéré « 4 raisons de ne pas paniquer » (Néosanté Hebdo du 13 août), je vous propose 4 arguments qui me font penser que la grande catastrophe annoncée par beaucoup n’aura pas lieu. Je ne me prends pas pour un devin - malgré le ton affirmatif, je me réserve le droit de me tromper – mais je fonde mon optimisme sur des bases qui me semblent solides, ainsi que sur des éléments dont ni la presse de masse ni les médias alternatifs ne semblent mesurer la portée prédictive. Sans me vanter (mais quand même un peu), je fus de ceux qui ont écrit dès l’automne 2009 que le virus A/H1N1 serait probablement vecteur d’une « grippette » ne méritant pas tant d’inquiétude. Les faits nous ont allègrement donné raison. Aujourd’hui, j’admets que le virus Ebola constitue une menace autrement plus consistante. Incontestablement, la fièvre hémorragique qui accompagne sa présence envahissante (*) a d’ailleurs déjà fait de (trop) nombreuses victimes. Néanmoins, pour les 4 raisons évoquées ci-dessous, je suis d’avis que l’épidémie actuelle n’a pas la gravité qu’on lui attribue et je soupçonne qu’elle n’aura pas l’ampleur qu’on lui prédit. En termes plus francs, je prends carrément les paris que la « tragédie Ebola » va faire un bide et qu’on n’en parlera déjà plus dans quelques mois.
1. Les gourous se gourent souvent
Dans l’église pasteurienne, il y a une caste de prêtres en blouse blanche – les experts - qu’on interroge dès qu’un fléau infectieux se propage. Ces augures modernes montent en chaire de vérité (les journaux et les télés) et prononcent leurs oracles. Selon des chercheurs de Harvard, on peut s’attendre à brève échéance à une « hausse exponentielle des cas détectés ». Pour l’OMS, il y aura 20.000 malades d’Ebola en novembre. Et à en croire les prophètes du CDC américain, plus d’un million au début 2015. Qui dit mieux ? Qui va battre le record du présage le plus sombre, de la prédiction la plus pessimiste ? Aux auditeurs de ces haruspices médicaux, je rappelle que de précédents et retentissants pronostics se sont avérés complètement faux. Pour la grippe porcine, par exemple, on nous annonçait une pandémie planétaire d’ampleur génocidaire. On vu ce qu’on vu. Rappelez-vous aussi la vache folle et les projections affolantes sur l’invasion des prions dans nos pauvres cerveaux. Bilan: quelques dizaines de morts, tout au plus. Et n’en déplaisent à ceux qui m’accusent de banaliser le HIV, souvenez-vous aussi du sida : dans les années 80, on calculait la contagion redoutée en centaines de millions et celle des décès prévisibles en dizaines de millions. On est bien loin du compte et l’avènement des trithérapies n’explique nullement la fausseté des auspices. La vérité, c’est que les gourous de la virologie ont la vilaine manie de se gourer. Parce que certains ont intérêt à dramatiser les choses et que d’autres sont terrifiés à l’idée de minimiser le danger. C’est l’effet pervers des scandales sanitaires : plutôt que de risquer le reproche d’imprévoyance, les experts et les responsables politiques prévoient maintenant le pire pour se couvrir. Ajouter des zéros est devenu un réflexe de prudence. Et comme Ebola fait peur, on manie la grosse louche.
2. Les chiffres ne reflètent pas la réalité
La scène se passe à l’aéroport de Monrovia, capitale du Libéria et épicentre de l’épidémie Ebola. Je la garantis authentique car c’est un ami pilote de ligne qui y assisté récemment et me l’a rapportée. Dans cet aéroport, la direction a reçu pour mission de filtrer les départs pour empêcher le virus de prendre l’avion. Dans le hall, un gars équipé de pied en cap est muni d’un pyromètre infrarouge dont il braque le rayon laser sur le front des candidats voyageurs. Si l’appareil indique de la température, la personne fiévreuse est tirée de la file et emmenée manu militari vers les centres d’isolement où sont parqués les patients contaminés dont nous parlent les statistiques officielles. Vous avez donc compris : ces léproseries new look renferment peut- être quelques lépreux, mais sans doute beaucoup de pauvres bougres pas malades du tout. Ou malades d’autre chose. Autant savoir, en effet, que les premiers symptômes de la fièvre Ebola ressemblent furieusement à ceux du paludisme, de la méningite, de la fièvre typhoïde ou d’autres pathologies encore. Pour les distinguer, il faut des analyses qui ne se pratiquent pas, ou peu, en Afrique de l’Ouest. Ça veut dire que les chiffres ne reflètent pas la réalité et qu’ils sont certainement surestimés. Dans les dispensaires de crise, au Libéria et ailleurs, beaucoup de gens meurent probablement des fléaux « traditionnels » de l’Afrique. C’est le scénario sida, en plus mystifiant encore puisque l’étiquetage Ebola ne repose même pas sur un test imprécis mais sur une simple montée de fièvre. Je parierais ma chemise que parmi les 6.000 personnes officiellement infectées, beaucoup n’abritaient pas le virus dans leurs veines.
3. Ebola est un virus costaud
Le pendant négatif de cette « ébolisation » hâtive, c’est que la létalité du virus serait par conséquent sous-estimée. Avec 3.000 morts pour beaucoup moins de vrais malades Ebola, la part de ce dernier dans l’hécatombe est probablement plus importante qu’on ne le pense, plus proche de 90% que de 50%. Ce serait d’ailleurs logique puisque la souche actuellement en action est très proche génétiquement de la souche Zaïre, qui avait quasiment tué toutes les personnes atteintes, lors de la première flambée en 1976. Bien sûr, je ne suis pas en train de verser dans la paranoïa antivirale. Tout virus est bénin sur un terrain en bon état, et celui d’Ebola n’échappe pas à la règle. Son génome importe moins que les circonstances épigénétiques (environnementales et émotionnelles) présidant à sa virulence (voir mes lettres précédentes). Il faut aussi des circonstances particulières pour faire grimper le potentiel mortel du germe. Par exemple, la première épidémie avait ravagé un hôpital de brousse congolais où les seringues souillées étaient réutilisées. Comme quoi, le soin est parfois l’ennemi du bien. Des mesures simples comme la réhydratation et l’amélioration de l’alimentation sont manifestement plus efficaces. Pour un Occidental, du repos et des vitamines permettent aisément de franchir l’épisode fébrile. Il n’empêche que les filovirus de type Ebola interviennent de manière très musclée chez ceux qui ne parviennent pas à s’y confronter. Comme le souligne le Dr Soulier dans ses articles publiés dans Néosanté, la CIVD (ou coagulation intravasculaire disséminée) n’est pas seulement le symptôme terrifiant des fièvres hémorragiques africaines. C’est le stade terminal d’autres maladies très graves, comme certains cancers. Il tombe sous le sens que la famille Ebola a pour mission biologique de « nettoyer » une énorme souffrance intérieure, accumulée pendant de nombreuses années. Vu sous cet angle, c’est un virus éminemment dangereux ! Mais qu’est-ce qu’un virus très dangereux ? C’est un virus très peu contagieux. Sans verser dans le finalisme mystique, il serait en effet grand temps de réaliser que la nature est merveilleusement bien faite : tout microbe maousse costaud a une contagiosité rikiki, tandis qu’un agent infectieux facilement transmissible sera toujours modérément virulent. On ne nous parle jamais de cette élémentaire loi du vivant.
4. La fièvre fait son travail
La raison en est que la science médicale est aveuglée par un prétendu contre-exemple parfait : l’épidémie de grippe espagnole. En 1918-1919, un banal virus grippal a fait au moins 20 millions de morts en se répandant comme une trainée de poudre. Le problème, c’est qu’on confond une nouvelle fois pompiers et pyromanes. Le virus était là pour « éteindre » quatre années de folie guerrière génératrice de grandes angoisses pour une multitude de gens. Il aurait fait son boulot sans gros dégâts si la médecine iatrogène n’avait pas imposé au même moment des vaccinations de masse et des traitements fébrifuges intempestifs. La vraie responsable principale du gâchis humain de 1918, c’est l’aspirine ! Si vous pensez que je débloque, allez voir cette étude scientifique datant de 2009 : elle montre bien l’ « évidence historique » du rôle des salicylates dans la mortalité de la grippe espagnole. Ce qui est inquiétant, c’est que la médecine dite moderne n’a toujours pas appris à respecter la fièvre. Ce symptôme est combattu également chez les patients catalogués Ebola. Mais ce qui est rassurant, c’est qu’on n’administre plus les mêmes doses de cheval qu’il y a un siècle. M’est avis que le traitement antipyrétique n’empêche donc pas le bénéfice fiévreux, puisqu’il y a un rescapé pour deux malades. Depuis quelques jours, les marchands de panique laissent entendre que le virus aurait muté et qu’il s’apprêterait à prendre la voie des airs. Grand bien lui fasse ! S’il se communique plus facilement, ça signifierait aussi que son agressivité est en recul et qu’il succomberait encore plus facilement à la fièvre bienfaitrice, pourvu que celle-ci ne soit pas (trop) contrecarrée.
Conclusion
Je pense donc et me risque à prédire qu’Ebola va faire un bide. La flambée actuelle va finir par faiblir et s’éteindre comme les précédentes. Il y a en aura d’autres, également éphémères et limitées à des sous-régions du continent africain. Car même les experts du pire le reconnaissent : il n’y a aucune raison de craindre que le virus sévisse dans nos pays. Pour des raisons évidemment différentes et d’inspiration hamériennes (voir lettres précédentes,) j’en suis encore plus convaincu. Ceci étant dit, mon optimisme anticatastrophiste a lui aussi des limites : pour que s’achève un jour le long martyre de l’Afrique, il faudra la prise de conscience que les ravages viraux ne doivent rien au hasard ni à la fatalité. Ni à la seule misère matérielle. Et ça, c’est pas gagné d’avance.
Yves Rasir
(*) À ce propos, il est bon de souligner un fait très peu relevé dans les médias: chez l’être humain, il y a aussi des cas bien documentés de personnes infectées par Ebola et qui ne développent absolument aucun symptôme. En soi et en général, l’énigme des « porteurs sains » devrait déjà suffire à couler par le fond la religion pasteurienne et sa théorie du germe. Dans ce cas précis, elle démontre spectaculairement que la présence d’un virus n’augure en rien de sa virulence pathogène.
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