Faut-il douter de la médecine scientifique ?

Dans mon article précédent, je vous partageais ma conviction qu’il était nécessaire et vital d’apprendre à douter de tout pour avoir une chance de guérir. Non seulement pour éviter que les démarches au service de la santé et de la guérison deviennent des religions intégristes, mais surtout pour préserver le libre-arbitre du malade et pour respecter la complexité des processus naturels de guérison… Aujourd’hui, je vous invite à pousser encore plus loin notre apprentissage du doute pour questionner les fondements mêmes de la démarche scientifique.

Une théorie scientifique peut-elle être vraie ?

Avant de poser cette question fondamentale dans le domaine qui nous intéresse (celui de la santé), faisons un bref détour par la physique, considérée comme l’archétype par excellence des sciences dites exactes ! La question devient alors : « Les théories de la physique peuvent-elles être vraies ? » À cette question, je réponds sans hésiter : NON, elles ne le seront jamais ! Pourquoi ? À cause de ce qu’on appelle, en épistémologie, le réductionnisme scientifique !
Pour illustrer cette notion de réductionnisme, prenons un exemple bien connu des physiciens : l’étude du mouvement d’un pendule simple. Je rappelle qu’un pendule, c’est une masse attachée à l’extrêmité d’un fil suspendu à un support fixe. Pour établir la loi d’oscillation des pendules, donc pour écrire l’équation qui décrit le mouvement du pendule (sa vitesse, sa fréquence d’oscillation, l’accélération qu’il subit à chaque redescente, etc.), les physiciens ont été obligés de réduire, de supprimer ou d’idéaliser 17 paramètres présents dans la réalité. En effet, pour pouvoir mettre sur papier une équation, ils ont dû supposer (entre autres) que la masse suspendue n’était pas un objet en trois dimensions, mais une masse concentrée en un point sans dimension ; que le fil était sans masse ; qu’il était inextensible ; qu’il était rectiligne ; qu’il n’y avait pas de frottement de l’air sur la masse suspendue ; qu’il n’y en avait pas plus sur le fil ; que l’attache du fil à son support ne présentait aucune résistance ; que le support ne pliait nullement sous le poids… Et j’en passe. Donc, pour énoncer cette loi très simple qui tient en une demi-ligne sur un cahier d’étudiant, les physiciens ont dû effectuer 17 simplifications ! En même temps, paradoxalement, quand on confronte les mesures réelles aux données calculées avec cette loi, on observe des convergences suffisamment proches pour pouvoir considérer cette formule comme satisfaisante, quoique fausse !
C’est cela qu’on appelle le réductionnisme scientifique. Pour pouvoir énoncer une théorie, quelle qu’elle soit, il est TOUJOURS nécessaire de sélectionner les faits, d’éliminer des facteurs pourtant présents, de retenir les seuls paramètres que l’on juge pertinents, de simplifier la réalité en l’idéalisant et de faire des moyennes statistiques. Sans le réductionnisme, aucun scientifique n’aurait jamais pu énoncer la moindre loi ! Même une des lois les plus célèbres de la physique (E = mc2) n’est qu’une approximation de la réalité. Dans ce sens, on peut dire qu’aucune loi n’est vraie, puisqu’elle a été construite sur une idéalisation de la nature, et pas sur la nature elle-même ! On pourrait, dès lors, se poser les questions suivantes. Le réductionnisme est-il nécessaire et souhaitable ? La réponse est oui, sinon, aucune loi ne pourrait être énoncée ! Le réductionnisme est-il utile ? La réponse est oui car, grâce à ces lois, on peut préparer des actions et agir sur la nature. Le réductionnisme est-il dangereux ? La réponse est non, sauf si les scientifiques qui énoncent ou utilisent ces lois croient qu’il y a une équivalence entre la théorie et la réalité des faits !

Quand la science devient-elle intolérante et intégriste ?

Donc, comprenez-moi bien. Le problème ne vient pas tant du réductionnisme lui-même que de l’inconscience de ceux qui font la science ! Si un scientifique est inconscient de la relativité et de l’imprécision de toutes les lois avec lesquelles il travaille, il confond la carte avec le territoire représenté par cette carte. Et il tend alors à considérer la théorie comme La Vérité incontestable et indubitable, puisque cette théorie se confond avec le Réel qui lui, ne peut être remis en doute. Du coup, il cherche à ce que les faits observés se plient à la théorie plutôt que de soumettre la théorie aux faits. En faisant cela, ce n’est plus de la science qu’il pratique, mais du scientisme.
À ce propos, le philosophe Louis Jugnet écrivait fort justement : « Le scientisme, c’est […] l’impérialisme de la Science de laboratoire sur tous les domaines de la pensée et de la conscience de l’homme. » Une fois installé dans cette attitude rigide, il ne reste qu’un pas pour entrer dans l’intégrisme scientifique. Ce pas est franchi lorsqu’on rejette tous les faits nouveaux qui pourraient remettre en question la théorie, afin de préserver, coûte que coûte, l’orthodoxie scientifique !

La santé humaine peut-elle faire l’objet d’études scientifiques ?

Nous venons de voir que les sciences dites exactes ne sont pas si précises et exactes que cela. Alors, qu’en est-il lorsqu’on cherche à étudier l’être humain, dans toute sa complexité et dans toutes ses dimensions (physiologique, psychologique, sociale, spirituelle, etc.) ? Pour répondre à cette question, un nouveau retour vers la physique ne sera pas inutile ! Imaginez qu’on attache trois pendules ensemble. Le premier pendule est suspendu à un support fixe, le deuxième est suspendu à l’extrémité du premier et le troisième à l’extrémité du deuxième. Savez-vous que, dans ce cas, il devient non seulement impossible d’écrire l’équation du mouvement de cet ensemble pourtant simple, mais en plus, l’évolution du système devient imprédictible ? Autrement dit, dès qu’un système devient trop complexe, aucune loi scientifique ne peut plus être énoncée !
Si on revient à l’être humain, et qu’on restreint pour l’instant notre étude à son seul corps physique, on comprend immédiatement qu’une description scientifique du fonctionnement du corps est strictement impossible ! Car le corps est composé de milliards de cellules, de centaines de tissus et d’organes, de milliers de substances physico-chimiques différentes… De plus, chaque organe influence le fonctionnement d’autres organes qui, à leur tour, rétroagissent sur cet organe ! C’est ce qu’on appelle, dans l’approche systémique, les boucles de rétroaction.
Un exemple simple de boucle rétroactive, c’est le fonctionnement du chauffage central. La chaleur produite par la chaudière et transmise au radiateur influence le fonctionnement de la sonde du thermostat fixé au mur, par exemple. Lorsque la température désirée est atteinte, le thermostat rétroagit sur la chaudière en lui ordonnant de s’arrêter. Du coup, la température dans la pièce diminue, ce qui influence à nouveau le comportement du thermostat qui, à son tour, va commander à la chaudière de se remettre en route, et ainsi de suite…
On retrouve les mêmes boucles de rétroaction à tous les niveaux du fonctionnement du corps humain. Ces boucles permettent au corps de maintenir ce que Claude Bernard appelait son homéostasie. L’intrication de ces nombreuses boucles confère au corps une telle complexité qu’il devient impossible d’en décrire le fonctionnement à l’aide des raisonnements simples et linéaires typiques à l’approche scientifique. Du coup, pour comprendre le corps humain dans son ensemble, il va être nécessaire de l’appréhender dans toute sa globalité et de renoncer à la mise en équation de son fonctionnement… Ici, comme ailleurs, la démarche scientifique réductrice et linéaire se révèle pauvre et inadaptée.
Si en plus, on réintroduit dans la compréhension de la santé et de la maladie, les dimensions psychiques, émotionnelles, affectives, sociales, environnementales, spirituelles, qui ont toutes un impact sur notre équilibre physique, la démarche scientifique se retrouve dans l’impossibilité de traiter d’une quelconque manière les interactions à l’intérieur de et entre toutes ces sphères. Non seulement à cause de l’extrême complexité de l’être humain, mais aussi parce que la science ne peut travailler que sur des éléments observables et mesurables…

La médecine est-elle scientifique, finalement ?

Malgré toutes les limites que je viens d’énoncer, la médecine officielle continue de vouloir se présenter comme scientifique. Probablement pour que tous les humains finissent par adhérer à sa vision, comme on adhère à une religion qui se veut universelle. La médecine prétend être scientifique, et pourtant elle ne l’est pas et ne pourra jamais l’être ! Car c’est un art, pas une science. Ceux qui prétendent le contraire tombent dans le piège du réductionnisme, du scientisme et/ou de l’intégrisme que j’ai définis plus haut. Leurs arguments pour défendre le statut scientifique de la médecine résistent très peu de temps à une analyse critique. Car le fait d’utiliser de plus en plus d’appareillages techniques et technologiques ne confère nullement à la médecine le statut de science ! De même que ce n’est pas parce que vous utilisez un GPS ou un téléphone intelligent que vous devenez, pour autant, un scientifique… Par ailleurs, fonder ses affirmations sur des statistiques ne transforme pas la médecine en une science. Je rappelle que pour qu’une affirmation devienne une loi scientifique, il faut que l’énoncé soit vérifié dans 100 % des cas. Or, en médecine, aucun énoncé ne se vérifie dans tous les cas… Enfin, la médecine se contente de décrire des phénomènes isolés les uns des autres en coupant systématiquement toutes les boucles rétroactives présentes dans le corps… C’est comme si on essayait de décrire le fonctionnement d’un thermostat de chauffage en n’étudiant que le lien entre la chaleur du radiateur et l’arrêt du thermostat, mais sans tenir compte du lien entre le thermostat et la chaudière ni du lien entre la chaudière et le radiateur. En linéarisant les boucles systémiques, on perd totalement la compréhension des phénomènes complexes.
Pour toutes ces raisons, je vous invite à cultiver le doute à l’égard de toute démarche scientifique en général, et ainsi qu’à l’égard de la médecine officielle qui revendique un statut qu’elle ne possède même pas… En faisant cela, l’impérialisme de la pensée scientifique perdra un peu de terrain et de pouvoir, tandis que vous gagnerez en autonomie et en liberté !

Jean-Jacques Crèvecoeur

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