LA CULPABILITÉ une peur animale

On dit beaucoup de choses sur cet état d’âme qui ronge certaines personnes jusqu’à la folie ou la maladie ; mais peut-être pas toujours l’essentiel : la culpabilité est une peur animale très profonde, et non pas un sentiment humain. Il suffit pour s’en convaincre d’observer un chien par exemple : nous saurons qu’il a fauté, simplement en observant son attitude coupable.
Car la notion du bien et du mal est très ancienne, bien plus que l’humanité. Elle nous accompagne depuis que nous sommes mammifères et davantage depuis que nous vivons en société. Le problème se pose dès l’instant où nous dépendons de l’autre, de notre mère au début de la vie et du groupe toute notre existence et dès lors qu’une faute commise peut nous valoir d’être sanctionnés.

La peur de la sanction

La culpabilité n’est finalement rien d’autre qu’une peur de la sanction en termes de rejet ou de violence. Dès que notre cerveau archaïque détecte cette émotion viscérale très spécifique, il en déduit que nous sommes menacés de sanction, une situation qu’il considère comme mortellement dangereuse. Car être rejeté est tout simplement dans la nature une condamnation à mort : l’enfant est condamné s’il est rejeté par sa mère et l’adulte également s’il est exclu du groupe. Quant à la violence, elle est le plus souvent un moindre mal puisque mieux vaut une bonne raclée plutôt qu’être rejeté ; mais la violence peut provoquer la mort ou de graves blessures, ce qui revient au même en milieu naturel. Cela dit, il faut savoir distinguer la culpabilité effective que nous vivons parfois et la peur anticipatoire de la culpabilité qui dirige finalement notre vie, en sachant que notre cerveau archaïque les considère de la même façon.

La culpabilité effective

Nous l’éprouvons lorsque, à tort ou à raison, nous pensons avoir commis une faute. A tort ou à raison car ce qui est une faute pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre : cela dépendra de nos croyances. Par exemple, certains pensent que câliner avant le mariage est une faute majeure et d’autres ne partagent pas cet avis.

Idem pour l’évaluation de la gravité de notre faute : certains pensent qu’avoir jadis dérobé quelques sous dans le porte-monnaie de maman est impardonnable et d’autres que ce n’est pas si grave. Idem pour l’estimation de notre responsabilité : certaines mères se sentent systématiquement responsables des difficultés existentielles de leurs enfants et d’autres beaucoup moins.
Si le plus souvent nous culpabilisons pour des broutilles, il est des cas extrêmes bien plus difficiles à gérer : comme d’avoir effectivement commis une vilenie ou un crime ; d’être à l’origine d’une catastrophe ; d’avoir provoqué un accident mortel ; de n’avoir pu sauver un proche ; etc.

En tous cas, notre cerveau archaïque nous croit en grand danger dès que nous nous sentons coupables puisque cela sous-entend pour lui que nous sommes fautifs et qu’une sanction est imminente. Faites-en l’expérience : souvenez-vous de votre plus grande faute ; vous constaterez un profond malaise du fait de votre peur de la sanction.
Et si jamais vous traînez justement quelques culpabilités, je vous invite à vous en libérer au plus vite : c’est très mauvais pour la santé ! En sachant qu’il suffit juste parfois de parler de notre faute pour nous en libérer, et d’autant plus si on ne l’a jamais fait. C’est d’ailleurs et entre autres la fonction des psychothérapeutes et des prêtres que d’entendre nos confessions sans nous juger. Et pour les cas les plus graves, il peut être salutaire de tout avouer à la police.

À noter que les notions de honte, de regret et de remords sont finalement très proches de celle de culpabilité. Bien qu’il y ait de subtiles nuances, notre cerveau archaïque considère tout cela de la même façon : comme le signe d’une faute commise et donc d’une sanction imminente.

La peur anticipatoire de la culpabilité

Mais nous sommes surtout préoccupés par la peur d’être coupables. Je me souviens d’une personne me consultant pour «culpabilité chronique» et je m’attendais donc à ce qu’elle me confesse quelques terribles fautes : il n’y en avait pas une seule dans toute son histoire ! Par contre, elle était obsédée par la peur anticipatoire de la culpabilité.
La faute étant sanctionnable et la sanction pouvant avoir de graves conséquences, nous sommes donc programmés pour faire en sorte d’être aussi irréprochables que possible afin de ne pas être coupables : nous y consacrons beaucoup de temps sans vraiment nous en rendre compte. Cette peur dirige tout simplement notre vie.
Car en permanence, avant d’être ou de ne pas être – de faire ou de ne pas faire – de dire ou de ne pas dire, nous nous demandons toujours au préalable si ce que nous avons l’intention d’être ou ne pas être – faire ou ne pas faire – dire ou ne pas dire ne risque pas de déplaire. A noter que le problème se pose même parfois en termes de penser ou ne pas penser puisqu’on peut être coupable d’une mauvaise pensée.

Ce remarquable mécanisme est celui qui nous empêche de contrevenir à la loi, pour le meilleur et pour le pire. Pour le meilleur puisqu’une société ne peut être et devenir sans que soient respectées certaines règles, y compris de payer ses impôts. Et pour le pire car nous obéissons parfois à des lois limitantes, voire totalement iniques, que nous avons prises en compte sous l’influence des éducateurs de notre enfance et auxquelles nous nous évertuons à obéir parfois toute notre vie.

On peut par exemple rester bloqué ad vitam au niveau sexuel pour obéir à la loi d’une mère «anti-sexe» ,ou par rapport à l’argent pour respecter celle d’un père «anti-capitalisme», le tout sans en avoir la moindre conscience bien sûr. Dans ce cas, chaque fois qu’il sera question de sexe ou d’argent, notre cerveau nous rappellera quelle est la loi afin que nous ne la transgressions pas. Et le fait que nos référents ne soient plus derrière nous pour surveiller nos actes ou même qu’ils soient décédés n’y change rien tant que nous ne sommes pas conscients du problème.
Cette peur anticipatoire de la culpabilité nous empêche bien souvent d’être nous-mêmes puisque nous calculons toujours tout en fonction de l’autre afin de ne pas lui déplaire. Cela peut éventuellement nous bloquer dans notre évolution et parfois même nous valoir de somatiser plus ou moins gravement.

Laurent Daillie

Naturopathe causaliste et consultant en Décodage des Stress Biologiques et Transgénérationnels (Paris et Bourgogne), Laurent Daillie est passionné par les origines de l’Homme et par ses réflexes de survie primitifs. Il anime des formations et des conférences en France et en Belgique. Il est l’auteur du livre « La Logique du Symptôme », publié aux éditions Bérangel. Info : www.biopsygen.com
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