LE CONFLIT DE L’OPOSSUM ou comment faire le mort pour sauver sa peau

Il est, parmi d’autres, une stratégie de survie très efficace et parfaitement archaïque que nous adoptons parfois, avec ou sans conscience, pour échapper au danger et qui consiste à s’immobiliser et/ou à simuler le mort.

Que l’on soit un animal face à son prédateur ou un homme moderne confronté à une situation inextricable, plusieurs stratégies sont possibles:

• la fuite pour échapper au danger ou fuir une situation que l’on ne peut surmonter. A noter que fuir est bien souvent une preuve d’intelligence et non pas de lâcheté.

• l’affrontement quand on a de bonnes chances de l’emporter ou pour faire face si on est acculé. Bien sûr, notre biologie est toujours prête à nous y aider, par exemple en augmentant notre glycémie, en nous faisant prendre du poids, etc.

• la dissuasion pour dire à l’ennemi que l’on est dangereux. La diversité des armes de dissuasion est infinie : la taille de l’éléphant, la force du taureau, les piquants du hérisson, le venin du serpent, la toxicité de certaines créatures, etc. Quant à l’humain, il a même inventé la force de dissuasion nucléaire. Mais cela peut aussi nous valoir quelques maladies quand notre biologie s’en mêle (1)

• l’évitement, une stratégie qui prend diverses formes, le mimétisme par exemple pour se rendre invisible. Mais elle consiste souvent à s’immobiliser pour ne pas être repéré par le prédateur et même à faire le mort dans certaines circonstances.

Faire le mort

Cette stratégie a déjà sauvé d’innombrables créatures depuis la nuit de temps. Mais elle peut aussi nous valoir quelques sérieux blocages existentiels ou des symptômes très handicapants, voire dangereux.

Les animaux usent de ce stratagème pour sauver leur peau. Peut-être l’avez-vous observé un jour où votre chat vous a fièrement rapporté une souris supposée morte qui a profité d’un instant d’inattention du minet pour se carapater. À noter qu’un carnivore ne s’acharne jamais à tuer sa proie s’il la pense déjà morte afin d’éviter que l’odeur du sang n’attire la concurrence. La meilleure façon d’échapper au prédateur est de s’immobiliser pour qu’il ne nous détecte pas. Et si par malheur on se retrouve dans sa gueule, l’idéal est de lui faire croire qu’on est déjà mort. On se fait flasque, on ne bouge pas et on attend une éventuelle opportunité pour s’éclipser. Car bien souvent, le prédateur ne dévore pas immédiatement sa proie : il l’emporte dans un coin tranquille et peut même l’y laisser sans surveillance pour la manger plus tard.

L’Opossum

Le meilleur à ce petit jeu est sûrement l’opossum, un mammifère marsupial d’Amérique de la taille d’un gros chat. Il est insectivore ou frugivore selon l’espèce, il vit en forêt et sa particularité est de remarquablement savoir faire le mort.

S’il se retrouve dans la gueule du prédateur, l’opossum simule la mort avec un réalisme incroyable. Il se met en léthargie afin de ralentir son rythme cardiaque et le mouvement respiratoire pour se faire discret ; il se raidit pour simuler la rigidité cadavérique ; il se fait l’œil vitreux et laisse pendre sa langue.

Aussi, il possède une glande qui, en situation de danger, sécrète une substance nauséabonde imitant l’odeur de la putréfaction. Il a ainsi une chance de plus d’échapper au prédateur, ce dernier le croyant impropre à la consommation. Cette spécificité est à classer dans les stratégies de dissuasion.

Enfin, il a ceci de remarquable qu’il n’a pas systématiquement le réflexe de fuite devant le danger : il se couche sur place et met en œuvre tous ces stratagèmes afin que le prédateur passe son chemin, dégoûté par l’aspect et surtout l’odeur de l’opossum : la nature est géniale !

Conséquences

Dans certaines situations humaines que nous avons le sentiment profond de ne pouvoir ni fuir ni affronter, notre cerveau archaïque peut nous croire en très mauvaise posture, devant le prédateur ou même dans sa gueule, du fait de l’intensité de notre stress et surtout de la spécificité de notre ressenti viscéral. Et bien sûr, parfois, il peut réagir en conséquence. Au plus simple, au niveau psychique et comportemental, il peut nous faire adopter une attitude d’immobilisme, d’apathie, d’aréaction, comme pour nous empêcher de gigoter face au danger. Cela explique pourquoi on peut rester figé dans certaines situations. Mais il peut aussi choisir de mettre en œuvre des solutions plus concrètes. Ainsi par exemple, beaucoup d’évanouissements survenant en cas de stress ont cette utilité. Malheureusement, notre «ange gardien» choisit parfois des solutions beaucoup plus radicales et même mortelles à long terme.

Ainsi beaucoup d’hypoglycémies, d’hypothyroïdies ou d’hypotensions ont cette origine conflictuelle (beaucoup ne voulant pas dire toutes), de nombreux cas de fibromyalgies, de neuropathies (scléroses en plaques, syndromes parkinsoniens, etc.), certains symptômes surrénaliens, etc. C’est du moins ce que j’ai constaté.

Quant à cette stratégie consistant à émettre une odeur pestilentielle pour dissuader le prédateur, je crois notre biologie capable de la mettre en œuvre dans certains cas. Ainsi, des personnes dégagent une odeur corporelle insoutenable malgré une hygiène parfaite. Dans ce cas, on peut envisager que ces personnes cherchent, au plus profond d’elles, à dissuader un prédateur.

Le Prédateur

Il peut prendre de nombreuses formes. Ce peut être un parent violent, un instit menaçant, un patron tyrannique, un collègue malveillant, un voisin patibulaire, etc. Mais il peut aussi être conceptuel : la délinquance, le terrorisme, la concupiscence de l’homme, la maladie, la crise économique, etc.

Mais c’est bien souvent un mari. En effet, beaucoup de femmes ont viscéralement peur de leur conjoint, à tort ou à raison, avec ou sans conscience. Il est souvent celui qu’on ne peut pas fuir à cause des enfants ou si le divorce est jugé impossible ; et celui qu’on ne peut pas affronter à cause de sa force ou de sa violence, potentielle ou effective.

Laurent Daillie

(1) voir mon article «le Sein : de l’allaitement à la répulsion» sur www.biopsygen.com – rubrique Publications.

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