Etymologiquement, le mot travail vient du latin tripalium, composé du préfixe tri (trois) et de pag signifiant enfoncer. Ce mot est lui-même issu de tripaliare, signifiant contraindre.
Au départ, le « tripalium » était un instrument à trois pieux permettant d’immobiliser les animaux pour le ferrage, mais il a été également utilisé comme instrument de torture pour punir les esclaves fautifs.
En ancien français, le terme « travailler » s’applique jusqu’au 13e siècle aux suppliciés et aux femmes en proie aux douleurs de l’enfantement, terme qui persiste encore actuellement dans ce dernier contexte. Ce verbe se répand dans le sens « faire un ouvrage », à partir du 16e siècle.
Mais pour la lecture bioanalogique, cette étymologie nous amène à d’autres compréhensions révélant un sens particulier.
Considérons tout d’abord le préfix tri / trois :
La Vie est trois plans en une seule et même réalité.
Le principe même de la Bioanalogie est d’amener à la conscience que tout est analogique avec cette première Loi de l’univers de la rencontre entre le Temps et l’Espace. Tout ce qui est manifesté est soumis à la loi de ces trois plans (tri), rien ne peut y échapper. C’est la base même de la vie qui est l’expérimentation permanente (rencontre) de se situer (Temps) par rapport à la réalité concrète (Espace).
En ce sens, la réalisation de notre vie est un vrai « travail » : pour naître à nous-même, nous ne pouvons éviter de vivre en conscience l’incontournable loi de ces trois plans.
Selon la loi du Principe, nous allons voir que les problématiques en lien avec le travail parlent de la façon de se réaliser.
Licenciement
On peut être licencié de son travail pour de multiples raisons mais au regard de la Loi du Principe, être licencié est toujours une invitation à sortir de toute obligation et de toute forme d’autorité dans la réalisation de sa vie.
Si l’on est confronté à un licenciement – et que l’on a du mal à le vivre sereinement-, il est ainsi proposé de se demander en quoi on agit en étant enfermé dans des contraintes d’action ou de résultat dans la réalisation de sa vie.
Claude, cadre dans une entreprise, n’avait aucun problème sur son lieu de travail mais il vient d’être licencié pour raisons économiques. Il le vit très difficilement. Si l’on regarde sa vie privée, on constate qu’il s’est laissé envahir par des obligations et des contraintes. Son entourage, connaissant sa gentillesse, ne cesse de le solliciter pour tel ou tel « coup de main » et depuis peu, il doit s’occuper plus souvent de son père qui perd son autonomie. En bref, il ne sait pas dire non et se rend compte qu’il regrette de n’avoir pas plus de temps pour lui.
La mise à conscience du Principe du licenciement a été une véritable révélation pour lui et il a profondément modifié son mode de fonctionnement.
>Démission
Même si le résultat est identique (on se retrouve sans travail), démissionner n’a évidemment pas la même signification qu’être licencié, et donc pas le même Principe.
« De – missionner » se traduit littéralement par sortir de la mission ou enlever la mission. Une mission est un rôle – une fonction- que l’on s’est donné ou qui nous a été confié. Démissionner de son travail, quelle qu’en soit la raison, est donc une invitation à sortir de toute idée de but à atteindre et de toute obligation de résultat. Car, selon une des grandes lois de la vie, seule l’expérimentation est vie.
Pierre a décidé de démissionner parce qu’il ne s’épanouissait plus dans sa profession. Mais ne sachant pas vraiment ce qu’il allait faire après, il n’était qu’à moitié en paix avec ce choix. En fait, Pierre était ingénieur pour prouver à son père qu’il était capable de l’être, mais cela ne répondait pas à son idéal. Lorsqu’il a entendu le sens de la démission, il s’est senti soulagé d’un poids. Plus serein, il a pu prendre le temps de contacter ce qui l’animait en profondeur. Ainsi, très attiré par tout ce qui touche à la nature et, tout particulièrement, la forêt, il a pu intégrer l’Office National des Parcs Naturels, où il peut enfin allier passion et profession, donc se réaliser pleinement
>Démission
On considère qu’une personne est au chômage lorsqu’elle est sans activités alors qu’elle souhaite travailler. Le mot chômage vient du bas latin : caumare signifiant se reposer pendant les grandes chaleurs.
Autrefois l’on « chaumait », lorsqu’on allait ramasser la paille de peu de coût après la moisson pour faire la toiture des maisons pauvres.
Ce mot caumare est donc vraiment l’opposé du « tripalium ».
Alors, selon la loi du Principe, quel est le sens du chômage ?
La première notion à retenir est celle de vouloir travailler et en même temps de se reposer. De plus, suivant l’étymologie, il y a la notion de profiter de ce qui a été accompli par les autres (moisson) pour couvrir sa maison. Le Principe du chômage est donc une invitation à laisser œuvrer la vie en nous, en sortant de l’illusion de notre pouvoir personnel et de celle du manque, puisque tout est donné.
Sylvain s’est retrouvé au chômage d’une façon très inattendue, ce qui l’a fortement ébranlé. Mais en même temps, il a pu bénéficier d’une indemnité lui donnant le temps de terminer sa maison alors qu’il n’avait pas la possibilité financière de faire appel à une entreprise.
Pour la petite histoire, je citerai la devise inscrite en latin sur les armoiries de ma ville natale, Thiers : « Labor Omnia Vinicit ». Ce qui se traduit par : « Le travail vient à bout de tout. »
Le tripalium reprend ici tout son sens…
Enfin, pour conclure, je pense qu’il nous faudrait reconsidérer notre notion de travail afin qu’il ne soit pas une action au service d’un profit, mais une invitation à nous soumettre à notre propre loi, celle du respect de notre vérité profonde.
J’entends par vérité ce qui nous laisse en paix lorsque nous ne cherchons pas à vouloir changer le monde extérieur, en vivant sans contrainte, ni obligation de résultat.
Pour apprendre à lire les événements du quotidien, je vous invite à regarder les vidéos de la page « Les Principe de Juliette » sur le site www.bioanalogie.com