Un Soulier mal chaussé

Yves Rasir

Quinze jours après mon hommage et une semaine après ses funérailles, je peux décemment revenir sur le décès inopiné du Dr Olivier Soulier et tenter d’éclairer les causes de sa mort. Quand on décède à 67 ans et que l’espérance de vie d’un homme en France dépasse les 79 ans, on peut en effet s’interroger sur les raisons de ce départ prématuré. Je dis bien « tenter » parce que le décodage psychobiologique des maladies n’est pas une science exacte et que cet exercice déductif est plutôt un travail de détective. Il s’opère idéalement dans le cadre d’une relation thérapeutique où le patient se confie au consultant et ne lui cache rien de ses états d’âme. Ils enquêtent ensemble sur les origines psycho-émotionnelles d’une affection mais quelles que soient la profondeur et la sincérité de leur relation, c’est en définitive le malade qui détient la clé explicative. Personne d’autre ne peut affirmer qu’il sait mieux que lui pourquoi il a développé telle ou telle pathologie.  Personne ne peut « décoder autrui » sans autorisation et imposer une interprétation de ses troubles de santé. Alors à quoi sert de conjecturer sur les circonstances d’une mort ? De mon point de vue, la déontologie s’arrête avec le dernier soupir. Les personnes disparues n’appartiennent pas à leurs proches ni à leur famille, surtout si elles étaient célèbres et que leur trépas endeuille des foules entières. S’emparer de leur histoire et mettre en lumière leur trajectoire permet de rendre service aux vivants, comme nous l’avons fait plusieurs fois dans Néosanté. Par exemple, il m’a semblé opportun de révéler dans un éditorial controversé que le psychanalyste Guy Corneau n’était pas le père de l’enfant qu’il croyait sien. Et que la découverte de son infortune amoureuse l’avait durement affecté. A posteriori, on peut établir un lien quasiment certain entre ce choc affectif et la fulminante  inflammation cardiaque qui l’a emporté. Pour votre info, l’une des deux sources m’ayant « tuyauté » sur Guy Corneau n’était autre que son ami…. Olivier Soulier, avec qui j’avais de fréquentes discussions sur le sens des maladies et leur genèse conflictuelle.  Là où il est, je crois qu’Olivier doit voir d’un bon œil que je me risque à élucider son propre décès en dévoilant ce qui l’avait cruellement éprouvé ces derniers temps.  

Incohérence fatale

Mais avant de pénétrer les coulisses psychosomatiques de son envol vers les étoiles, je me dois d’évoquer un « détail » assez inouï : le Dr Soulier était vacciné contre le covid ! C’est en tout cas ce qu’il déclare lui-même au tout début de  cette interview accordée à un média alternatif. Il y confesse que beaucoup de soignants qualifiés d’antivaxs, lui y compris, ne sont pas hostiles au vaccin et qu’ils ont accepté de se faire injecter. Confrontés à cette vidéo, certains amis communs m’ont objecté qu’Olivier avait sans doute menti pour se donner du crédit et ne pas nuire au Syndicat Liberté Santé, qu’il venait de co-fonder. Ce raisonnement m’échappe car le syndicat en question avait précisément pour but de coaliser les réfractaires à la piqûre et de défendre leurs intérêts. Il aurait dû être fier, au contraire, d’incarner la résistance aux injections expérimentales. Ceux que l’aveu déroute ignorent cependant un trait majeur de la personnalité du disparu : il était  constamment tiraillé entre l’art médical classique accordant un rôle pathogène aux agents infectieux et les approches parallèles disculpant virus et bactéries dans la genèse des maladies. Tout en ayant forgé le concept d’ « amicrobes », il pouvait sombrer dans la plus parfaite incohérence en les accusant de tous les maux. À mon grand étonnement, il adhérait par exemple aux thèses de l’association Chronimed sur la causalité microbienne des maladies chroniques et leur traitement à grand renfort d’antibiotiques. Ce grand écart avec la théorie du terrain et avec la vision du Dr Hamer, dont il était pourtant un ardent défenseur, m’a toujours désarçonné. Quand je lui en parlais, Olivier me répondait qu’il agissait en « cheval de Troie » et que sa biophobie apparente n’était qu’une feinte pour amener ses confrères au paradigme hamérien. Je crois plutôt qu’il était à cheval sur deux paradigmes contradictoires, que ses discours pouvaient varier selon l’auditoire et qu’il était capable de dire une chose en faisant exactement l’inverse (et inversement). Dans cette même vidéo déconcertante, il chante lyriquement les louanges des valeureux soignants ayant affronté le coronavirus au péril de leur vie et ayant succombé nombreux à son contact. Or il m’avait lu, on en avait discuté et il était bien d’accord avec moi que cette narration pasteurienne était complètement mensongère : aucune hécatombe parmi les blouses blanches !  Pour moi, Olivier Soulier est mort comme il a vécu : écartelé par ses contradictions et gérant difficilement la distance entre ses pensées et ses actes.  Comme il avait déjà connu des alertes cardiaques, il avait probablement fait la première dose du vaccin par appréhension des myocardites covidiennes. Et lorsqu’il est apparu que l’injection génique provoquait elle-même la myocardite, un stress psychologique s’est sans doute ajouté à sa fragilité physique. Avec de tels facteurs de risques, il devait se savoir à la merci du premier drame venu…

Territoire perdu

Et ce drame est arrivé. Comme vous le savez, le Dr Soulier avait pris une place énorme dans la résistance. Il était de toutes les manifestations, congrès, visioconférences et coalitions menant la lutte contre le totalitarisme covidiste. Il avait fermé son cabinet et se démultipliait sur tous les fronts de la rébellion dont il était devenu l’une des figures en vue. Il avait notamment pris une place importante au sein du CSI (Conseil Scientifique Indépendant) dont il a animé de nombreuses réunions publiques hebdomadaires. Il avait le don rare de mettre en valeur les  intervenants et de résumer leurs propos avant de céder la parole à d’autres. Le problème, c’est qu’il n’avait lui-même qu’un maigre bagage scientifique. N’étant pas apte à lire l’anglais, il était même incapable de consulter les études très majoritairement rédigées en cette langue. À la longue, ce déficit de savoir et ce manque de légitimité ont commencé à se voir et à irriter d’autres participants au CSI. Certains l’avaient vertement critiqué en interne et ces derniers mois, l’un d’entre eux avait même déballé sur les réseaux sociaux de violents griefs à l’égard d’Olivier. Le vase en ébullition a débordé quand ce dernier a eu la mauvaise idée d’accepter un prix des mains du Pr Joseph Tritto, ce peu crédible  chirurgien italien se présentant comme spécialiste en bioterrorisme et  directeur d’une obscure World Academy of Biomedical Sciences and Technologies. Or l’« Humanity Award  2023» qu’Olivier a accepté lui a été attribué en tant que « fondateur du CSI », ce qui a fortement déplu à ses pairs. Comme me l’a confirmé Louis Fouché, il est en effet de règle qu’aucun membre du CSI ne tire la couverture à lui et ne se targue d’en être le créateur. Sans en être formellement chassé, Olivier a perçu qu’il s’était mis en marge du groupe et il n’a même pas assisté à la fête célébrant  la 100ème réunion du conseil. Cela le peinait profondément, il se sentait lâché par le Dr Fouché et c’est de cela dont il voulait me parler il y a un mois. Son éviction est-elle à l’origine de son infarctus ? Certainement pas et il n’y a personne à blâmer. En biologie, il n’y a ni coupable ni victime, répétait souvent le Dr Claude Sabbah. Ce ne sont pas les événements, aussi douloureux soient-ils,  ni leurs protagonistes, aussi méchants soient-ils, qui causent les accidents de santé. C’est le ressenti de celui ou de celle qui encaisse les coups et les somatise. Assoiffé d’amour et de reconnaissance jusqu’à flirter avec l’imposture, Olivier vivait  sa mise à l’écart comme une grande injustice et comme la perte déchirante d’un territoire où il se croyait chef. Le rapport avec sa crise cardiaque est évident car les problématiques territoriales sont précisément de nature à affecter le cœur. Par un curieux « hasard », c’est dans le tout premier numéro de Néosanté, celui parrainé par Guy Corneau, que nous avons publié notre premier article de décodage de l’infarctus du myocarde.  Je vous invite à (re)lire ce texte signé Bernard Tihon (en page 19) car il va éclairer la fin de mon décryptage-hommage à Olivier.

Guérison mortelle

Vous avez bien (re)lu le dernier paragraphe ? Aussi bizarre que cela paraisse, la crise cardiaque est en effet le signe d’un  basculement en guérison. C’est un orage de type épileptique qui sépare la phase de conflit actif et la phase de conflit résolu. C’est un cap périlleux et d’autant plus dangereux que le stress émotionnel a été long et intense, mais c’est paradoxalement une étape marquant le passage à l’apaisement et au lâcher-prise. Mieux que quiconque,  Olivier Soulier devait donc se méfier du moment où sa pénible « perte de territoire » allait trouver un exutoire libérateur. Il n’était pas un (trop) vieux cerf renonçant instinctivement au combat pour le bien de l’espèce, mais bien un être conscient qu’une thérapie réussie pouvait déboucher sur une issue fatale. J’ai donc été étonné d’apprendre qu’au soir de sa mort, il avait assisté à une cérémonie chamanique à Paris. Se sachant vulnérable et aux prises avec ses démons territoriaux, il aurait dû au moins vérifier la présence d’un défibrillateur, une des rares techniques médicales modernes ayant démontré sa grande utilité. Selon la presse qui a rapporté les faits, les secouristes ont tenté de le ranimer mais son cœur avait déjà flanché. Avait-il consommé de l’Ayahuasca, cette potion amazonienne qui donne des visions, répond aux questions intérieures et soigne les âmes tourmentées ? Je ne peux pas le certifier, je n’ai pas l’info, mais je fais l’hypothèse que oui.  L’année dernière, avec une amie et trois amis, j’ai assisté à une cérémonie chamanique incluant l’absorption du remède végétal. Mes quatre comparses, ainsi que la trentaine d’autres participant(e)s, ont eu des visions et ressenti des choses impressionnantes. Et moi rien du tout parce que j’ai vomi trop vite le breuvage hyper amer ! Cela arrive quand les principes actifs n’ont pas le temps de franchir l’estomac et monter au cerveau. En réfléchissant à cette expérience décevante, je me suis rappelé qu’il y a une vingtaine d’années, le médecin hamérien ayant « lu » mon scanner cérébral m’avait alors mis en garde contre des conflits anciens visibles sur le cliché. Les yeux dans les yeux, il m’avait confié que « parfois, il vaut mieux ne pas guérir pour rester en vie ». Si l’ayahuasca n’a pas marché chez moi, c’est peut-être parce que mon corps a deviné pour moi que l’alcaloïde guérisseur allait m’expédier dans l’au-delà alors que mon heure n’avait pas encore sonné. Ce destin était par contre celui rencontré par le Dr Olivier Soulier le 3 juillet. Ce qui l’a tué, à mon avis, c’est moins le vaccin polluant ses veines que le changement de regard offert par la séance chamanique sur ses dérisoires conflits de territoire. Il est mort guéri de ses soucis et probablement illuminé, je me plais à l’imaginer, par une ultime compréhension intime du sens biologique des maladies. Une très belle fin à un brillant parcours terrestre, même si en se chaussant mieux il aurait pu l’allonger un peu.

Yves Rasir


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