Trois remèdes à la russophobie

Le titre de cette infolettre est un clin d’œil à celle que j’avais intitulée « Trois remèdes à la virophobie »  pour inaugurer ma longue série d’articles sur la mascarade covidienne.  Je voulais aborder un tout autre sujet aujourd’hui mais je me suis décidé à traiter du conflit en Ukraine car la façon dont les médias de masse nous racontent la guerre avec les Russes me rappelle irrésistiblement la manière dont ils ont mis en scène la guerre au virus : à grand renfort d’analyses alarmistes et mensongères, ils distillent la peur et cherchent visiblement à nous terroriser. S’ils ne le font pas exprès, leur penchant pour le catastrophisme et leur tendance à la dramatisation outrancière conduisent en tout cas à propager l’angoisse et à faire monter l’anxiété dans notre système nerveux. Or notre ligne éditoriale, qui est de promouvoir la santé globale, consiste essentiellement à montrer et à contrer l’effet pathogène des émotions négatives. Lorsque l’actualité est très anxiogène et que les journaux et télé entretiennent la psychose, il me semble donc utile de prendre le contre-pied et de prêcher la sérénité pour vous aider à échapper à ce climat délétère. À quel titre ? N’étant pas spécialisé en la matière, je ne suis certes pas qualifié pour vous parler géopolitique.  Mais en tant que journaliste curieux de beaucoup de choses et avide de comprendre le monde qui m’entoure, je m’intéresse aussi à ce domaine et je suis peut-être un peu mieux informé que la moyenne de mes confrères. J’ai lu pas mal de livres et je suis notamment abonné à l’excellent L’Antipresse, créé en Suisse par le journaliste et écrivain d’origine serbe Slobodan Despot. J’attends toujours avec impatience l’arrivée de cet hebdomadaire numérique dans ma boîte mail le dimanche matin et je regarde souvent l’édito en vidéo diffusé le vendredi soir par son rédacteur en chef.  Je vous invite à visionner la capsule enregistrée au lendemain de l’offensive russe car elle vous apportera déjà un regard différent sur les événements. Pour ma part et plus modestement, je vous soumets trois raisons de retrouver apaisement et tranquillité d’esprit. Trois raisons de penser que la menace d’une troisième guerre mondiale est très exagérée et que le grand méchant ours russe de la fable médiatique n’a aucune intention de la déclencher.
 

  1. Ce n’est pas une guerre contre l’Europe

Dès le premier jour des hostilités, un magazine belge a titré que l’invasion de l’Ukraine était une « guerre contre l’Europe ». Ce n’était pas une opinion de la rédaction mais celle d’une spécialiste de la Russie et des relations Est-Ouest. Cela ne vous rappelle rien ?Il y a deux ans, la presse s’était également empressée de trouver des « experts » prompts à dégainer des prévisions apocalyptiques et à agiter des scénarios d’épouvante. En l’occurrence, on se demande bien où cette russophobe professionnelle est allée puiser la motivation de son jugement démentiel. Rien, absolument rien, n’indique que Vladimir Poutine veuille s’en prendre aux États et aux citoyens européens. Comme il l’a déclaré à maintes reprises, l’objectif de cette opération militaire est de désarmer l’Ukraine pour l’empêcher de martyriser les deux républiques sécessionnistes du Donbass. Et au-delà, d’imposer à son voisin un statut de pays neutre n’appartenant pas à l’OTAN. Si vous l’ignorez, cela fait des années que la Russie demande des garanties pour sa sécurité, et notamment l’engagement de l’Alliance Atlantique de ne plus s’étendre vers ses frontières. En décembre dernier, Vladimir Poutine a perdu patience et a adressé une sorte d’ultimatum au camp occidental, sous forme d’un projet d’accord que vous pouvez lire (en anglais) en cliquant ici . Dans son article 4, ce texte indique bien que le projet russe concerne les pays actuellement non membres de l’OTAN, ce qui exclut d’office tous les pays européens qui en font déjà partie depuis longtemps ou depuis peu de temps comme la Pologne, la Roumanie ou les États baltes. Contrairement à ce que rabâchent nos médias, le « maître du Kremlin », comme ils disent, ne poursuit donc pas le rêve impérialiste d’un retour au bloc soviétique : il entend seulement figer la situation présente et, comme il le répète inlassablement, « protéger les intérêts de la nation russe ». Bien sûr, le coup de force entamé jeudi dernier est condamnable sur le plan du droit international. Mais si l’on oublie tous ses rétroactes et lui invente des objectifs fantasmés, on passe à côté de la réalité. Pour vous en rapprocher, je vous suggère de regarder la visioconférence donnée le 25 février par le brillant politicien français François Asselineau. Grâce à cette mise en perspective, on comprend mieux que ce sont plutôt nos dirigeants qui jouent un jeu dangereux et qu’à Moscou, la colère n’empêche pas le sang-froid et la pondération. Jusqu’à preuve du contraire, un Européen n’a rien à craindre de ce qui se passe sur le territoire ukrainien.
 

  1. Les civils ne sont pas visés

Dans son discours d’hier aux parlementaires européens, le président de l’Ukraine n’y est pas allé de main morte en accusant les envahisseurs russes de cibler les civils et de vouloir « tuer des enfants ». Et la grande majorité des députés ont applaudi debout cette évidente contre-vérité. Bien sûr, il y a des victimes de cette guerre qui ne sont pas militaires ou miliciens. Et parmi elles, il y a sans doute des enfants. Les bavures et les « dégâts collatéraux » – horrible expression – sont difficilement évitables dans ce genre d’intervention armée.Mais de là à prêter aux Russes la volonté de s’attaquer aux non-combattants, il y a un gouffre. Tout porte à croire que l’envahisseur respecte son ambition affichée d’arriver à ses fins en évitant aux maximum les morts civiles. Il vise des infrastructures militaires ou des bâtiments officiels avec des missiles de haute précision et il encourage les habitants à s’éloigner des cibles désignées. Par contraste, il faudrait se rappeler la façon dont les États-Unis et l’OTAN mènent leurs croisades « pour la liberté ». En Irak, on estime que plus de 100.000 personnes ont perdu la vie sous les bombardements aveugles. En Libye, ce sont aussi des dizaines de milliers d’innocents qui ont péri sous le déluge de bombes. Plus près de nous, j’aime à rappeler que le bombardement de Belgrade.  par les avions de l’OTAN, en 1999, a fait  plusieurs milliers de morts parmi les civils, près de 5.000 selon certaines estimations.  Il faut se souvenir que la capitale de Serbie a été pilonnée sans relâche pendant 78 jours et que les « forces alliées » ont délibérément visé des cibles non militaires comme des ambassades (celle de Chine touchée deux fois « par erreur »), des gares ou même des hôpitaux. Au prétexte de secourir le Kosovo, le but de ces crimes de guerre était de terrifier et de démoraliser les Serbes pour achever le dépècement de l’ex-Yougoslavie.  A priori, rien de tel ne se passe ou ne devrait se passer en Ukraine. On peut comprendre que des centaines de milliers d’Ukrainiens prennent le chemin de l’exil pour fuir les combats mais on peut s’étonner aussi que cet exode massif survienne alors qu’aucune atrocité volontaire ou involontaire ne peut encore être reprochée à l’armée russe.  Je ne dis pas que les pertes humaines non-militaires sont inexistantes mais que leur proportion est apparemment congrue dans le cadre d’une invasion terrestre appuyée par des frappes aériennes. Rien n’indique que nous devrons trembler de découvrir des charniers ou des piles de cadavres sous les décombres de maisons privées intentionnellement prises pour cible. La Russie n’est pas l’OTAN et ce ne sont pas de cruels cosaques mais des soldats disciplinés qui ont pris pied en Ukraine. Éteignez vos télés et méfiez-vous surtout des images manipulées car en temps de guerre, la propagande cherche précisément à nous émouvoir via le canal de la vision.  Remember les Casques Blancs en Syrie. Il a déjà été rapporté que des photos d’enfants ukrainiens ensanglantés provenaient en réalité de reportages sur des tremblements de terre anciens…
 

  1. La Russie n’est pas une dictature

La troisième raison qui me pousse  à préconiser une relative zénitude, c’est que le belligérant assaillant ne mérite pas à mes yeux d’être considéré comme une puissance dictatoriale . Il y a à peine quinze jours, le « régime russe »  (vous aurez remarqué que nos médias volontiers bananiers ne parlent jamais de régime français, belge ou allemand)   était qualifié d’autoritaire et son dirigeant était assimilé à un autocrate.  Depuis une semaine, les journalistes occidentaux le traitent carrément de dictateur. Or, que je sache, Vladimir Poutine a été réélu  en 2018 avec 76% des suffrages exprimés.  Un an auparavant,  Emmanuel Macron était devenu président de la France avec seulement 24% des voix au premier tour. Lequel est plus légitime que l’autre ? Bien sûr, la Russie n’est pas un paradis démocratique et l’exercice des libertés n’y est pas idyllique. Mais qu’est-ce qui nous permet de la caricaturer en dictature et de nous poser en donneurs de leçons ?  Depuis jeudi dernier, de nombreuses manifestations pacifistes ont eu lieu à Moscou , Saint-Petersbourg et ailleurs. Certaines ont été réprimées, il y a eu des arrestations, mais d’autres, comme celle-ci, se sont déroulées paisiblement, sans heurts avec la police. Et quand celle-ci intervient, ce n’est pas à coups de matraques, de grenades lacrymogènes et de charges de cavalerie comme j’en ai vécu à Bruxelles l’année dernière au bois de La Cambre ou dans le parc du Cinquantenaire le 23 janvier dernier. A fortiori, la répression russe n’a rien à voir avec l’extrême brutalité avec laquelle le Jupiter élyséen a maté la rébellion des gilets jaunes en 2018 et 2019. Je n’ai jamais vu que des citoyens moscovites étaient tués, éborgnés ou mutilés lors de leurs protestations, même quand elles n’étaient pas autorisées. Bref, il est manifestement faux de présenter le « régime Poutine » comme une tyrannie écrasant impitoyablement la contestation de sa politique et ne tolérant pas l’expression d’idées discordantes. Ou alors, les Occidentaux que nous sommes vivons dans des régimes totalitaires bien pires puisqu’ici, la critique du covidisme nous vaut presque à chaque fois un déchainement de violences policières. Il faut raison garder, cesser d’imaginer la Russie comme un enfer sur terre et arrêter de comparer Poutine à  Staline ou Hitler. L’ours russe n’est pas une bête féroce prête à sortir de sa taïga pour fondre sur ses proies européennes et les dévorer toutes crues. Cet imaginaire délirant, il faut le laisser aux commentateurs  « mainstream » aveuglés par leur atlantisme conscient ou inconscient. Dans le réel, il n’y a pas motif à paniquer et à croire que le conflit en cours peut déboucher sur un embrasement planétaire par la faute d’un despote nostalgique de l’ère soviétique. Peut-être que la Russie va s’embourber en Ukraine comme les Américains au Vietnam ou l’OTAN en Afghanistan, mais ça, c’est une autre histoire.

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2 commentaires

  1. J’adhère tout à fait à votre analyse et ai tout de suite compris que les médias faisaient de la propagande alarmiste sur ce conflit prétendument russo- ukrainien, dans la même veine que la propagande covidiste…
    La conférence d’Asselineau est très intéressante du point de vue historique et géopolitique et éclaire parfaitement les décisions de Poutine.
    Par ailleurs, je n’écoute plus du tout les médias et radios mainstream depuis plusieurs mois. ( actualités, débats analyses etc)

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