Editorial N°137

Néosanté N°137

Faudra-t-il bientôt mettre cet écriteau à l’entrée des cabinets médicaux, des pharmacies et des hôpitaux ? Il y a plus de 50 ans, le penseur écologiste Ivan Illich avait déjà posé le diagnostic que la médecine moderne occidentale était devenue contre-productive, autrement dit qu’elle faisait plus de tort que de bien. Dans l’interview qu’il nous avait accordée en mars dernier, le Dr Louis Fouché faisait à son tour le constat que le rapport bénéfices/risques de l’art médical était devenu négatif et qu’aujourd’hui, c’est en bonne partie le système de santé qui rend malade en prétendant soigner. Cette analyse, c’est également celle que fait Néosanté depuis son commencement et que nous alimentons en arguments via la rubrique Santéchos. Ce mois-ci, nous relatons des travaux scientifiques montrant que l’ablation chirurgicale du thymus favorise le cancer, que les antibiotiques font le lit des MICI, que les médicaments anti-acides augmentent les risques d’infections sévères, ou encore que la pilule contraceptive double la propension à sombrer dans la dépression. C’est bien évidemment à travers les drogues chimiques que la médecine allopathique, inféodée à l’industrie pharmaceutique, commet l’essentiel de ses méfaits. Pour créer des marchés et faire grossir ses profits, Big Pharma va jusqu’à inventer des maladies qui n’existent pas.

Sur son blog et dans ses nombreux livres, le Dr Luc Périno déplore lui aussi que le surdiagnostic et la surmédicalisation mènent la médecine à dépasser son seuil de contre-productivité. Dans son dernier ouvrage (lire interview en pages 12 à 14), ce vulgarisateur de talent aborde précisément le phénomène des « non-maladies ». Contrairement aux maladies objectivables (par exemple un diabète ou une occlusion intestinale) et aux maladies réelles mais impossibles à objectiver (par exemple la fibromyalgie ou la fatigue chronique), la non-maladie est complètement fictive jusqu’à ce que le patient soit diagnostiqué. Il ne souffre de rien, ne se plaint de rien mais c’est la médecine qui le transforme en personne atteinte ou menacée d’une maladie (hypertension, prédiabète, gène de prédisposition, cholestérol, polypes au côlon, etc.). Cette troisième catégorie de maux, assure Luc Périno, devient de plus en plus fréquente et est même en passe d’occuper la majeure partie du temps des médecins et de s’arroger la majorité des moyens affectés à la santé. La fulgurante inflation des non-maladies depuis un demi-siècle reflète à ses yeux la marchandisation croissante des soins médicaux et de leur soumission à des impératifs commerciaux. Quitte à faire hurler de nombreux confrères, Luc Périno soutient que la pharmacologie ne sert à rien en prévention primaire (avant un événement clinique) et que les règles hygiéno-diététiques peuvent même remplacer les médocs en prévention secondaire (pour éviter la récidive). S’il persévère dans la lucidité, le toubib insurgé finira par déplaquer et épouser la profession de naturopathe…

Ce qui est décevant dans son chef, c’est qu’il est resté muet durant la « crise du covid ». Il s’en justifie joliment (« j’ai refusé les invitations des chaînes télé car ce n’était pas nécessaire d’aller ajouter mes propres bêtises à toutes celles qui ont été proférées ») mais son silence indique aussi qu’il n’a pas saisi l’ampleur de l’escroquerie médico-scientifique et qu’il n’a pas mesuré l’énorme contre-productivité des mesures prétendument sanitaires imposées par les autorités. C’est tout le contraire de la psychologue Marie-Estelle Dupont, qui a très vite réalisé leur impact délétère pour la santé mentale, et particulièrement celle des enfants. Dans l’entretien qu’elle nous a accordé (lire pages 27 à 30), la psy-lanceuse d’alerte confie qu’elle n’a jamais vu une telle vague pédopsychiatrique en 17 ans de pratique et que ses interventions dans les médias pour dévoiler la tragédie lui ont valu de violentes critiques : on ne s’écarte pas impunément du discours dominant ! Chez les enfants, explique-t-elle, les stress infligés ont généré une telle impuissance et une telle angoisse que beaucoup d’entre eux sont entrés en « hypoactivation », autrement dit dans un état d’apathie (solution de survie !) qui les protège du pire mais les expose à toutes sortes de troubles psychiques et somatiques. Pour l’intrépide psychologue, on a tort de croire que tout est revenu à la normale et on est loin d’en avoir fini avec les traumatismes induits par l’hystérie covidiste. Jamais la médecine n’aura autant nui à la santé.

Yves Rasir

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