Editorial n°91

Pas de pluie sans nuages

Récemment, j’ai reçu la visite d’un ami désireux d’en apprendre davantage sur la médecine nouvelle du Dr Hamer et de savoir pourquoi je partageais cette « idée difficile à admettre » que toute maladie procède d’une causalité psychosomatique. Comme tant d’autres sceptiques, ce visiteur m’opposait le fait que des tas de gens vivent de grands drames et traversent de grands stress sans somatiser le moins du monde ce qui leur arrive. Ainsi que je l’ai expliqué dans plusieurs infolettres, ce raisonnement semble rationnel mais il est entaché d’un défaut de logique car « l’absence de preuve ne signifie pas la preuve de l’absence ». En d’autres termes, ce n’est pas parce qu’un choc émotionnel est peu souvent suivi d’une pathologie que cette dernière n’est pas toujours la conséquence d’un choc émotionnel. Pour me faire bien comprendre de mon interlocuteur, j’ai alors usé d’une de mes métaphores préférées : le nuage ne donne pas toujours de la pluie mais il n’y a pas de pluie sans nuage. Si vous remplacez le mot pluie par « maladie » et le mot nuage par « conflit », vous pouvez rapidement saisir que le conflit n’est pas pathogène en soi mais qu’il n’y a pas de pathogénie sans conflit. L’événement n’est rien car c’est le ressenti individuel qui est tout. En guise d’exemple, j’ai raconté cette histoire « hamérienne » de la dame qui déclencha un cancer après la disparition de son chat, un stress banal pour le commun des mortels mais une perte tragique pour elle.

Non sans sagacité, mon ami de passage m’a fait remarquer que l’image météorologique ne tenait pas complètement la route : pour provoquer la pluie, la présence d’un nuage est certes nécessaire mais elle n’est pas suffisante. La formation de gouttes en altitude et leur chute sur le sol dépendent d’autres facteurs comme la température et la pression atmosphérique. Selon de récentes découvertes scientifiques, il est même probable que l’influence de certaines bactéries soit indispensable pour que l’eau glacée des nuages « décide » d’arroser la terre. S’il suffisait d’une couverture nuageuse pour entraîner des averses, nous, les Belges, serions douchés encore plus fréquemment que nous le sommes ! En pointant la faille de ma métaphore, mon amical contradicteur voulait à son tour défendre son point de vue : toute maladie est multifactorielle et il n’est pas prudent d’imputer le rôle principal au psychisme. Dans la mesure où le nuage ne peut pas à lui seul engendrer la pluie, c’est le terrain global qui compte et qu’il convient de soigner pour préserver ou restaurer la santé. Si nous étions bien d’accord là-dessus, j’ai néanmoins argumenté qu’il ne fallait pas confondre causes et facteurs de risque. Les facteurs peuvent être multiples et la cause unique. D’ailleurs, l’élimination des premiers ne garantit nullement l’empêchement d’une maladie grave. Dans sa rubrique Avantage Nature (page 21), Jean-Brice Thivent évoque le cas d’une prof de yoga passionnée de vie saine et emportée par un cancer du sein à seulement 40 ans. On connaît tous des cas semblables dans notre entourage et ils sont bien la preuve que la composante matérielle des maladies (gènes défectueux, habitudes délétères, malbouffe, environnement pollué…) n’est pas décisive. Si l’on ôtait les œillères matérialistes, la psychogenèse des maux du corps et de l’esprit deviendrait aussi évidente que la formation de la pluie au cœur des nuages.

En repensant à notre stimulante conversation, j’ai cependant pris conscience que mon ami avait bien raison de critiquer ma métaphore météo : non seulement les nuages ont besoin de cofacteurs environnementaux pour se liquéfier et aboutir sur nos têtes, mais il y a des nuages qui ne causent jamais de pluie ! Même ressenti comme menaçant, un cirrostratus ne va jamais vous flotter dessus. Quant aux cirrus et aux cirrocumulus, leurs rares ondées n’atteignent pas le sol. Or dans la perspective psychosomatique qui est la nôtre, tous les nuages sont potentiellement porteurs de pluie, qu’ils soient grands ou petits, blancs, noirs ou gris. Le traumatisme le plus anodin peut affecter profondément tandis qu’un choc émotionnel intense peut laisser sans séquelles. Tout dépend, comme déjà dit, du ressenti de l’individu, mais aussi de son système de croyances et du contexte (culturel, familial, socio-économique…) dans lequel il évolue. Tout dépend surtout de la manière dont l’événement traumatisant est vécu : comme l’a enseigné le Dr Hamer, un conflit n’est « maladisant » que s’il prend au dépourvu et qu’il est enduré dans le silence et l’isolement. Bref, le nuage le plus sombre peut vous laisser au sec si certains parapluies affectifs – l’amour, l’amitié, la compassion, l’écoute bienveillante… – sont heureusement disponibles. Comme le relate Hélène Gérin (lire interview page 12), même la perte d’un bébé est surmontable par les parents endeuillés, pourvu que leur souffrance intérieure soit entendue et atténuée par les liens empathiques. Pour imparfaite qu’elle soit, notre métaphore indique qu’il n’y a pas de pluie sans nuage et qu’un conflit est à soupçonner en amont de toute maladie. Dans ce numéro d’été, le Dr Van den Bogaert explore les pistes explicatives de la dégénérescence fronto-temporale, une forme de démence dont on parle peu mais qui se répand en Occident, et de plus en plus précocement. Et si cette déglingue des cerveaux était le symptôme d’un mal-être sociétal, d’un ciel désespérément bouché ?

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